Dans sa chronique du 15 décembre au matin sur RTL consacrée au ski, le chroniqueur économique François Lenglet s’appuie sur un rapport du groupe anglais Savills, spécialisé dans la vente de biens de luxe dans les alpes pour qualifier le ski de pratique réservée à une population « ultra-riche ».
Son analyse un peu rapide et biaisée appelle une mise au point importante.
Le rapport Savills que François Lenglet se plait à citer porte exclusivement sur l’immobilier résidentiel de luxe en montagne (stations premium, biens haut de gamme, clientèle internationale fortunée). Le classement Savills Ski Prime Price League présente un aperçu comparatif des principales stations de ski mondiales, classées en fonction du prix moyen demandé au mètre carré pour les biens immobiliers résidentiels haut de gamme. Pour cette analyse, Savills définit le terme « haut de gamme » comme désignant les biens immobiliers dont le prix est supérieur à 750 000 € à Aspen, Gsttad, Niseko, Val d’isère… Il n’a ni pour objet, ni pour périmètre, la pratique du ski en tant que loisir sportif, ni la sociologie des skieurs en France.
Assimiler les conclusions d’un rapport sur l’immobilier de prestige à la réalité sociale du ski constitue donc un glissement méthodologique qui fausse le raisonnement.
En France :
· des millions de pratiquants skient chaque année via des stations de moyenne montagne, familiales ou de proximité ;
· une large part de la pratique repose sur des forfaits accessibles, des clubs, des sorties scolaires, des comités d’entreprise et des politiques tarifaires publiques ;
· le ski demeure un sport populaire, notamment chez les jeunes, loin de l’image d’un loisir réservé à une élite patrimoniale.
Le marché de l’immobilier de luxe en montagne existe, il est réel, mais il concerne une fraction très spécifique de territoires et de populations. En faire un prisme d’analyse global du ski revient à confondre un segment économique ultra-niche avec une pratique de masse.
La chronique de François Lenglet sur RTL donne ainsi une lecture biaisée du sujet, qui alimente une opposition sociale simplificatrice et ne reflète ni la diversité des stations françaises, ni celle des publics qui y pratiquent le ski.
Je l’invite, à l’avenir, à distinguer plus clairement ce que dit un rapport sur l’immobilier de luxe de ce qu’on peut en déduire (ou pas) sur les pratiquants et les territoires de montagne.
Je l’invite également à citer les bonnes sources, le nombre total de skieurs dans le monde est une source du Rapport International du Tourisme de Neige et de Montagne de l’expert suisse Laurent Vanat, dévoilé chaque année en avril dans le cadre du salon international de l’aménagement en montagne Mountain Planet


