Le démontage des installations de remontées mécaniques obsolètes est l’un des chantiers majeurs de la feuille de route environnementale des éco-engagements des exploitants de domaines skiables, afin de préserver la montagne par des mesures concrètes en matière d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre, de gestion de l’eau, de protection de la biodiversité et de préservation des paysages. DSF et ses adhérents, ont pris l’engagement de démonter bénévolement les 69 remontées mécaniques obsolètes des 40 sites recensés à ce jour.
La commune de Notre-Dame-du-Pré se situe, dans la vallée de la Tarentaise, à 15 km de Moûtiers et à 13 km d’Aime. Niché sur un plateau à 1 300 m d’altitude, sa situation de balcon lui confère un ensoleillement généreux et des panoramas spectaculaires sur les montagnes et la vallée.
L’histoire de Notre-Dame-du-Pré avec le ski débute en 1939 avec la création du ski-club communal en collaboration avec l’Office National des Forêts, une autorisation de défrichement est obtenue pour tracer une piste. On monte alors à pied : le ski est avant tout une affaire de club et de bénévoles. Ce sont les prémices d’une pratique organisée pour les villageois et les colonies de vacances. Des générations vont apprendre à skier sur ces pistes, sans nécessité de longs déplacements, à une époque où l’hyper-mobilité n’était pas la norme. Dans les années 1960, le village installe un fil-neige à l’emplacement des futurs téléskis.
En 1973, plusieurs habitants créent une société et rachète deux téléskis à Méribel. Le premier téléski, l’Eruel, est installé, ouvrant deux pistes vertes idéales pour l’apprentissage. Le second téléski, est installé à côté du Plan Lachail. Mais il sera démonté aprés la construction du téléski du Plan Lachail plus grand.
En 1977, le téléski du Plan Lachail voit donc le jour ; il dessert deux pistes supplémentaires (une bleue et une rouge), permettant aux skieurs d’accéder à la cascade du même nom et à un secteur forestier apprécié. En 1982, pour accompagner l’ouverture du centre de vacances de l’Alpestre construit par la ville de Lens, le téléski Couterloz est installé au col du Tra. Ce dernier dessert une piste bleue dédiée aux classes de neige des colonies de vacances.
Cette même année, la petite entreprise revend ses parts à la collectivité : l’exploitation devient communale. Le personnel est composé de trois employés municipaux. Notre-Dame-du-Pré mise sur des tarifs très accessibles et une ambiance familiale, avec une clientèle fidèle, locale ou en séjour de colonies, séduite par la convivialité et la tranquillité du village.
Durant les années 1980, l’ouverture du centre de vacances de l’Alpestre et de nombreux gîtes permit d’accueillir des centaines de jeunes et de vacanciers chaque hiver : la station était idéale pour les classes de neige et les colonies, avec des pistes très accessibles et une atmosphère familiale particulièrement appréciée. A son apogée, la station ouvrait de Noël à fin mars, tous les jours.
C’est en 2024, 64 ans après l’installation du premier fil-neige que les remontées mécaniques ferment définitivement par décision municipale : Notre-Dame-du-Pré s’engage alors dans une nouvelle histoire, celle d’un autre tourisme, sans neige, et d’une réelle authenticité villageoise. Notre-Dame-du-Pré est un « village station » qui incarne le parcours typique des très petites stations françaises créées au siècle dernier, autour du ski rural avec seulement deux ou trois remontées mécaniques, et quelques hébergements et services. Elle est l’une des plus petites communes de Savoie.


Aprés Avant
Après les remontées mécaniques : une vie qui continue dans les villages stations
Notre-Dame-du-Pré a connu la saison 24/25, son premier hiver sans ski de piste. Si le village paraît désormais plus calme en journée, ce n’est qu’une illusion car la fréquentation des gîtes demeurent au niveau habituel. Les vacanciers sont restés, ils skient la journée généralement dans la toute proche station de la Plagne (Montalbert) et reviennent le soir retrouver l’authenticité et la vie de village préservée. La commune a engagé les démarches pour créer et sécuriser un itinéraire de luges & raquettes accessibles à tous.
En conclusion, le démontage des remontées mécaniques de Notre-Dame-du-Pré ne signe pas la fin d’un lieu, mais seulement la clôture d’un chapitre. Ces appareils de remontées mécaniques que nous démontons désormais, car obsolètes, ont pleinement répondu à la demande d’une époque et ont ancré des pratiques sportives et sociales. Ils ont permis d’offrir quelques emplois locaux, de maintenir et développer la vie de village et ils ont façonné une identité de « village station » avec une culture du ski qui perdure. L’avenir de Notre-Dame-du-Pré n’est plus celui d’une petite station concurrente des grands domaines skiables, mais celui d’un territoire toujours vivant qui réinvente désormais ses usages hivernaux et ses formes d’accueil, en lien avec les stations voisines.
Une visite présidentielle mémorable à Notre-Dame-du-Pré
En avril 1980, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing et son épouse visitaient la station de Notre-Dame-du-Pré, invités à partager un repas convivial avec les habitants pour évoquer l’avenir du ski et du village, en compagnie de figures politiques et sportives : Jean-Claude Killy, Michel Barnier, Camille Chedal-Anglay, Jean-Louis Tuaillon du service des pistes de la Plagne… Cet événement unique qui a notamment contribué à la professionnalisation des services des pistes et des secours en montagne, a marqué les mémoires, symbolisant la reconnaissance nationale d’une petite station toujours restée authentique.
Rivalité amicale avec les stations voisines
Bien que située à quelques kilomètres de grandes stations très fréquentées (Montalbert, La Plagne), Notre-Dame-du-Pré cultiva toujours une différence : ruralité, accueil villageois, absence de files d’attente, atmosphère bon enfant et fêtes locales qui attiraient les visiteurs en quête de simplicité. Longtemps, le prix du forfait-journée restait symboliquement bas, démontrant la volonté de la commune d’accueillir tous les publics : en 2024, c’était encore 16 € la journée adulte, record de modération en Savoie.
Caractéristiques techniques des deux téléskis :
TKD – Téléski débrayable : Plan Lachail
Constructeur : Montaz Mautino
Année de construction : 1977
Année de fin d’exploitation : 2024
Altitude gare aval : 1270 m
Altitude gare amont : 1510 m
Dénivelé : 240 m
Longueur développée : 835 m
Débit : 720 personnes/heure
TKD – Téléski à perches débrayable : Courteloz
Constructeur : Montaz Mautino
Année de construction : 1982
Année de fin d’exploitation : 2024
Altitude gare aval : 1255 m
Altitude gare amont : 1310 m
Dénivelé : 55 m
Longueur développée : 372 m
Débit : 750 personnes/heure
Le parc français de remontées mécaniques : une évolution perpétuelle
Le parc français de remontées mécaniques compte 2956 appareils en 2025, dont 1837 téléskis ((source STRMTG). Chaque année, près d’une centaine d’installations (remontées mécaniques et tapis) sont mises hors service tandis que 70 autres sont mises en service. En dépit de la baisse régulière du nombre de remontées mécaniques, la tendance est à la hausse ou au maintien du moment de puissance national (grandeur standard qui mesure la capacité de transport des remontées mécaniques) du fait que plusieurs remontées mécaniques sont généralement remplacées par une seule remontée mécanique plus performante.
Le démontage des installations obsolètes
69 anciennes remontées mécaniques (principalement des téléskis) sont recensées sur 40 sites en France. DSF s’est engagé à la démonter dans le cadre de sa feuille de route environnementale. En effet, le démontage bénévole en dehors de leur territoire de référence permet aux sociétés de remontées mécaniques de domaines skiables en activité d’apporter une solution de démontage aux collectivités qui détiennent des téléskis obsolètes
À propos de DSF : Domaines Skiables de France (DSF) est la chambre professionnelle des opérateurs de domaines skiables français et de transport par câble. DSF fédère 380 adhérents répartis entre 230 membres actifs (opérateurs de remontées mécaniques ou de domaines skiables), et environ 150 membres correspondants (fournisseurs, constructeurs, centres de formation, maîtres d’œuvre …). Les domaines skiables constituent la source principale d’attractivité des stations de montagne qui accueillent chaque hiver 10 millions de touristes dont 7 millions pratiques les sports de glisse. Acteurs déterminants dans la dynamique des stations de montagne, les domaines skiables conditionnent l’activité économique des acteurs locaux (commerçants, hébergeurs, professionnels du ski et de la montagne, etc.). L’activité des domaines skiables est indispensable pour fixer l’emploi et la vie sociale sur les territoires. En montagne, les adhérents de DSF emploient 18 500 salariés répartis sur une vingtaine de métiers. Et chaque hiver, ce sont plus de 120 000 emplois en France (directs et indirects) qui dépendent de l’ouverture des domaines skiables (commerces, hébergements, écoles de ski, services en station…). Avec 54,8 millions de journées-skieur en 2024/2025, la France se classe au second rang mondial des destinations de ski, derrière les États-Unis et devant l’Autriche. www.domaines-skiables.fr