Le dispositif d’élimination des remontées mécaniques à l’abandon par les professionnels des stations se poursuit

Montagne : Démontage des téléskis à l’abandon Ce vendredi 2 juin 2023, les deux téléskis (Chavonne et Baby) de la commune de Granier-sur-Aime en Savoie ont été démontés et évacués grâce aux équipes techniques de la Société d’Aménagement de la Plagne (SAP), qui a pris à sa charge la totalité du chantier pour rendre le site à d’autres usages : pâturage et espace naturel. L’ensemble des pylônes, câbles, poulies et perches ont été déjà évacués et seront réutilisés sur trois domaines skiables différents : Manigod (Haute Savoie), Valmorel (Savoie) et – détail amusant - un (autre) téléski « du Granier » (en Chartreuse savoyarde). La gare de départ du téléski de Chavonne fait l’objet d’une opération distincte afin de rendre définitivement le site à la nature.

Le démontage des installations de remontées mécaniques obsolètes est l’un des chantiers prioritaires de la feuille de route environnementale des 16 éco-engagements pris en octobre 2020 par les domaines skiables français, afin de préserver la montagne grâce à des mesures concrètes en matière d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre, de gestion de l’eau, de protection de la biodiversité et de préservation des paysages. Domaines Skiables de France et ses adhérents, visent ainsi au démantèlement de la totalité des 46 sites recensés par DSF sur lesquels d’anciens téléskis ou parties de téléski restent à démanteler, en collaboration avec les communes concernées. 

La commune de Granier-sur-Aime se situe à 1250 mètres d’altitude, sur un versant ensoleillé et agréable offrant un panorama splendide sur le domaine skiable de la Plagne. En 1934, Granier-sur-Aime fut parmi les premières commune de Tarentaise à créer son ski club et à organiser régulièrement des compétitions de ski alpin. Jusqu’en 1960, les skieurs remontaient à pied les pentes pour skier ! C’est à partir 1960 que plusieurs fils neige furent installés pour le plus grand bonheur des skieurs.

En 1983, la commune solidement aidée par les bénévoles entreprit la construction du téléski débrayable de 825 mètres de long, baptisé téléski de La Chavonne. Il est complété par un petit téléski de 100 m de long baptisé Baby. C’est alors une période prospère où vivre et travailler au pays est devenu une réalité. Avec un renouveau complet de l’activité agricole, une petite activité touristique s’y développe grâce à l’association du Versant du Soleil et quelques gites qui se créent. Le village compte alors 5 pistes de ski. Les deux téléskis fonctionnent, il y a du monde pendant les vacances. Exploité jusqu’en 2017, le dernier téléski sera mis à l’arrêt car n’étant plus aux normes, sa mise à niveau et son maintien en activité n’était plus rentable, et il n’était pas organisé pour faire face à des hivers moins enneigés.

Alex Maulin, président de Domaines Skiables de France fait le point sur le parc de remontées mécaniques et les démontagesd’installations : « Des dizaines de remontées mécaniques sont construites, déplacées ou démontées chaque année dans le cadre de l’amélioration continue des domaines skiables en France. En l’espace de 20 ans, le nombre de remontées mécaniques a été réduit de 16,5%, passant de 3700 appareils en 2010 à 3089 en 2022, sans diminuer le nombre de pistes. Progrès de la technique oblige, on rationalise pour proposer davantage de débit avec moins d’appareils. Ici on parle d’autre chose : un téléski s’est arrêté et plus personne n’était là pour le démonter. C’est là que nous sommes intervenus. C’est la cinquième fois depuis la création des éco-engagements que des professionnels de l’aménagement apportent conjointement et bénévolement leur concours pour rendre à la nature et à la pâture, un site où le ski s’est arrêté. A chaque fois les démontages ont lieu dans des villages où la vie continue et se développe, mais où le ski s’est retiré sans avoir créé une véritable station touristique. En aucun cas ce ne sont des stations fantômes ! Concernant ces remontées mécaniques à l’abandon, nos équipes ont réalisé un inventaire précis. Il y en a 73 (69 téléskis et 4 télésièges), répartis sur 46 sites. Nous les démonterons gratuitement avec l’accord des collectivités, à l’image de ce que nous faisons cette année, dans le cadre de nos éco-engagements. »

Le parc français de remontées mécaniques

Le parc français de remontées mécaniques compte 3089 appareils en 2022, dont 1956 téléskis. Dans toutes les stations de ski où il y a des sociétés de remontées mécaniques en charge du domaine skiable, des appareils sont chaque année, démontés, récupérés et recyclés, dans le cadre de l’optimisation permanente des domaines skiables et au bénéfice de paysages en constante amélioration. Au cours des douze dernières années (2010-2022), 611 appareils ont ainsi été démontés sur les domaines skiables français par les sociétés de remontées mécaniques sur leur propre territoire (source STRMTG).

Le démontage bénévole en dehors de leur territoire de référence permet aux entreprises de domaines skiables d’apporter une solution de démontage aux collectivités qui détiennent des téléskis à l’abandon.

TKD – Téléski à attaches débrayables : CHAVONNE

Constructeur : MONTAGNER

Maître d’ouvrage : Commune de Granier-sur-Aime

Année de construction : 1984

Année de fin d’exploitation : 2017

Altitude gare aval : 1390 m

Altitude gare amont : 1661 m

Dénivelé : 271 m

Longueur développée : 825 m

Longueur horizontale : 798 m


HISTOIRE DU TELESKI DE CHAVONNE 

GRANIER-SUR-AIME EN SAVOIE

« C’est la fin d’une belle histoire commune. Rappeler les bons moments c’est prolonger, un peu, la période enchantée de ce petit village de Tarentaise. Granier-sur-Aime, village situé à 1250m d’altitude, créa en 1934, l’un des premiers ski club de Tarentaise. Qui dit ski club dit concours de skis. Chaque année les premiers aventuriers du ski se mesuraient dans des slaloms, des descentes épiques.  Après un bel effort à la montée à pied, vous imaginez aisément les descentes à travers les arbres en sautant les talus ! C’était vraiment du sport. 

Cette activité a donné des idées à plusieurs jeunes habitants du village qui ont fait de cette passion leur métier. Ils ont travaillé dans les remontées mécaniques, ils sont devenus guides de haute montagne, professeurs de ski dans les traces du premier moniteur originaire du village : Émile Duc.

A partir des années 60 plusieurs fils-neige ont rendu la pratique plus facile et c’est en 1983 que la commune, solidement aidée par les bénévoles du ski club, a réalisé leur rêve :  avoir un vrai téléski comme à La Plagne. Commence alors la période enchantée du village. Vivre et travailler au pays est devenu un peu une réalité. Avec un renouveau complet de l’activité agricole, une petite activité touristique se développe grâce à l’association du Versant du Soleil et à quelques gites touristiques. 

Le village compte près de 200 lits touristiques. Le téléski fonctionne. Il y a du monde pendant les vacances, un embryon d’école de ski pour les petits, une buvette où les habitants ont plaisir à se retrouver. Ce sont des vrais petits moments de bonheur. 


Les années 2000 amènent de nouveaux habitants, qui s’installent dans les gîtes à l’année. Le village sauve les 2 classes de son école mais perd ses vacanciers. Le réchauffement climatique, les contraintes administratives, le regroupement de la commune avec Aime font le reste. Les ouvertures en hiver de la remontée sont de plus en plus aléatoires, la commune de Granier peine à maintenir cette activité. En 2017, les élus, la mort dans l’âme décident de ne plus ouvrir le téléski de la Chavonne.

En 2023 la nature reprend ses droits. Grâce à l’aide de la Société d’Aménagement de la Plagne (SAP), le grand téléski débrayable Chavonne et le petit Baby sont démontés. Trois domaines skiables ont récupéré du matériel pour une deuxième vie sur leurs remontées : Manigod, Valmorel et la station du Granier près de Chambéry. C’est la fin d’une période marquante du village de Granier. 


La profonde transformation de l’activité touristique des vallées alpines dans les décennies à venir va vraisemblablement redonner de l’intérêt aux villages de montagne des versants sud, notre piste de luge, les multiples départs de randonnées à pied ou à ski, une nature préservée sont autant atouts et pistes à explorer pour avenir. »

André Pellicier, maire délégué de Granier-sur-Aime